L'Italie a-t-elle tort ?

Billet d'humeur de Paul Turbier - 2 juillet 2018

L'Italie a-t-elle tort lorsqu'elle refuse d'accueillir un bateau chargé de migrants dont la plupart, non admissibles, seront lâchés dans la nature sans autre espoir que celui de grossir les rangs d'un prolétariat affamé ?

Les défenseurs des Droits de l'Homme s'insurgent, ceux du droit maritime également, et les gouvernants italiens sont accusés, crime abominable s'il en est, de populisme (première étape vers le nazisme, comme chacun sait !).

Dans les colonnes du Figaro, un éditorialiste évoquait la situation mythologique d'Agamemnon sommé par un oracle de sacrifier Iphigénie, sa fille, pour l'intérêt supérieur de la nation grecque. Il complétait son parallèle avec l'histoire biblique d'Abraham s’apprêtant à sacrifier son fils pour obéir a un commandement divin. Les chrétiens pourraient nous parler de Dieu sacrifiant son fils, innocent parmi les innocents pour le salut du monde. Quoi de plus horrible et plus difficile pour un père de sacrifier son enfant innocent ?

Pour un chef d'État le dilemme est le même. Faut-il sacrifier l'intérêt à long terme d'un pays ou d'un groupe de pays comme l'Europe, en accomplissant un geste humanitaire envers un groupe de personnes en danger ? La réponse italienne, qui ne va pas de soi, est NON. Pour la comprendre, il faut plonger vers le long terme. Il faut voir que, sous son apparente dureté, elle est utile in fine aux futurs immigrants eux-mêmes car elle force les chefs d'État européens à envisager des mesures de règlement "à la source" du problème migratoire dans son ensemble, plutôt que de réagir au coup par coup, bateau par bateau, face à un déferlement d'ores et déjà ingérable.

  • Des mesures de coercition sévères envers les dirigeants corrompus des pays d'origine sont possibles: elles doivent être prises.
  • Des aides éducatives et sanitaires locales sont nécessaires: il faut les engager.
  • Une coopération européenne peut seule être efficace: il faut la mettre en place.

Tout cela ne pourra se réaliser que grâce à quelqu'un qui a eu quelque part le courage de dire: "Stop ! nous faisons fausse route ! " . L'Histoire saura peut-être reconnaître à M.CONTE le mérite d'avoir assumé.


Paul Turbier
Adhérent de la 10è circonscription des Yvelines