Le racket européen organisé a un nouveau super-héros complice: M comme Macron

Tribune de C.P. - 25 mai 2018

Après le Z de Zorro et après Robin des Bois, qui prenaient tous les deux aux plus riches pour redonner aux plus modestes, voilà que le M de Macron a été apposé sur le nouveau budget européen, chantre de l'austérité et de nouvelles désastreuses pour la France. Ce cadre financier pluriannuel (2021-2027) a été présenté par la Commission européenne au début du mois de mai et doit encore faire l'objet de négociations, mais les grandes lignes en sont inquiétantes.

D'abord, ce budget européen est en hausse de 18%. Étrange, lorsque l'on sait que l'Union européenne à 28 sera bientôt une Union à 27 avec la sortie de Royaume-Uni d'ici 2019. Ainsi donc, alors que l'Union européenne perd un contributeur, elle décide d'augmenter son budget. Supposons que la France perde 20 millions d'habitants et qu'elle continue à vivre avec le même budget, que n'aurait pas dit cette Commission européenne sur l'état de nos finances publiques ? Allons, un peu de rigueur ! Surtout que l'Union européenne devrait bénéficier de nouvelles ressources propres:

  • la fameuse taxe sur les GAFA et les grands groupes. Mais celle-ci nécessite l'unanimité des États-membres, alors que des paradis fiscaux sont présents au sein de l'Union européenne.
  • le marché du carbone. Mais pour cela, il faudrait qu'il fonctionne, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
  • la taxe sur les plastiques recyclés.

À terme, ces ressources pourraient constituer 12% du budget de l'Union européenne ! À quoi bon augmenter la contribution française alors ?

Vous pourriez alors répondre: « Mais en quoi cela nous concerne-t-il ? ». Malheureusement, cette hausse va être supportée en grande partie par la France. Emmanuel Macron s'est en effet engagé à ce que la France, qui payait déjà une partie du rabais britannique datant de l'ère Thatcher, paye également une partie de la contribution britannique qui va disparaître, représentant une perte de 12 à 14 milliards d'euros pour l'Union européenne. Ainsi, la contribution française va augmenter, Emmanuel Macron s'y est engagé. Les efforts ont déjà commencé avec une hausse de 1,5 milliards d'euros rien que pour 2018. Une hausse de 8% sur un an, alors que la contribution nette de la France pour 2017 a été de plus de 7 milliards d'euros: nous avons contribué à hauteur de 18,7 milliards pour 2017 et reçu 11,2 milliards d'euros environ. Étrange, c'est ce que Bercy a ponctionné par des coupes budgétaires à l'ensemble des ministères...

Mais Jean-Claude Juncker, le Président de la Commission européenne, va devoir convaincre l'ensemble des pays et en particulier certains chefs de gouvernement qui ont déjà critiqué vivement ce budget. Monsieur Rasmussen, le Premier Ministre danois, a déclaré qu' « une plus petite Union Européenne devait signifier un plus petit budget ». Les Pays-Bas refusent, eux aussi, de compenser le Brexit. Le Chancelier autrichien Sebastian Kurz a, quant à lui, dit que « la proposition actuelle de budget de l'UE est un fardeau trop lourd pour les payeurs nets comme l'Autriche  »... et comme la France donc ?

Vous pourriez maintenant dire: « D'accord, mais cet argent nous revient de toute façon et puis cela bénéficie à la France ». C'est vrai, nous avons accès au marché européen et à Erasmus. Mais ensuite ? Quels avantages ? Perdre 7 milliards d'euros, la plupart du temps pour financer nos concurrents, alors que nous pourrions augmenter les petites retraites avec cet argent, comme l'a proposé Nicolas Dupont-Aignan lors de la campagne présidentielle.

La Politique Agricole Commune, seule politique communautaire qui fonctionnait à peu près correctement à la fin du XXème siècle, s'est retrouvée détruite, notamment par la fin des quotas laitiers. Nos agriculteurs sont à bout de souffle. Ils sont étouffés par la concurrence, et notamment la concurrence déloyale. Plusieurs mesures qui vont dans le bon sens sont en préparation dans le projet de loi « pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable », même si cela n'est pas suffisant.

Mais, pendant ce temps-là, les crédits de la PAC vont baisser de 5% dans ce nouveau budget, au minimum. Ces baisses pourraient même atteindre 10% ! Même le Ministre de l'Agriculture français, Stéphane Travert, pourtant plutôt avare en critiques sur le système agricole européen, s'est fendu d'un communiqué ! Il y dénonce « les propositions inacceptables de la Commission ». Une baisse de 5%, c'est plus de 400 milliards d'euros sur 5 ans, c'est autant d'aides directes en moins pour nos agriculteurs, pour qui celles-ci sont un véritable filet de sécurité, voire une source de revenus face aux difficultés qu'ils affrontent.

Heureusement, on constate quelques évolutions qui vont dans le bon sens. Ainsi, le budget de la recherche et de l'innovation européenne va bondir de 50% par rapport au précédent cadre financier pluriannuel, ce qui va dans le sens de la proposition de Nicolas Dupont-Aignan de créer des coopérations sur des projets précis, notamment scientifiques, comme la recherche dans la lutte contre le cancer.

Mais ces bons points ne sont rien à côté d'autres mesures désastreuses:

  • les fonds de cohésion sont ponctionnés de 6% alors qu'ils finançaient des projets souvent régionaux
  • 20 milliards d'euros pour l'aide aux migrants
  • des fonds pour l'Europe de la défense (20 milliards d'euros pour 2021-2027), projet que la France seule pourrait finir par supporter.
  • Le budget pour la politique extérieure, pourtant pièce maîtresse de la souveraineté d'un pays, devrait augmenter. Il faut dire que la Commission est très active quand il s'agit de faire signer des traités de libre-échange aux pays de l'Union européenne en catimini qui déréglent toute leur économie.

Ce nouveau budget pour la période 2021-2027 nous offre une dernière surprise: un nouveau mécanisme de sanctions ! Une véritable ingérence dans le fonctionnement interne des États puisqu'il est requis que les États, alors qu'ils contribuent aux fonds européens, respectent l'État de droit et les valeurs européennes pour avoir accès à ces fonds. Et une simple recommandation de la Commission suffirait pour l'application de cette mesure, sans le besoin de l'unanimité des États membres. Si nous n'étions pas habitués à cette ingérence permanente de l'Union européenne dans le fonctionnement des États, nous pourrions en rire. Malheureusement, c'est bien le triste fonctionnement d'une structure technocratique que les peuples rejettent massivement de plus en plus. Oui, Emmanuel Macron était le candidat pro-Union européenne et il a été élu, mais non, cette élection n'a pas la valeur d'un référendum, surtout quand on pense au résultat du référendum de 2005 qui a ensuite été volé aux Français par le Parlement qui a voté le Traité de Lisbonne en 2008.

Qu'avions-nous à attendre de « super-Macron » ? Ce super-héros n'a peut-être pas encore compris qu'il devait être le protecteur et le garant de la souveraineté nationale, c'est-à-dire de la souveraineté française, et non d'une souveraineté européenne qui serait soit disant complémentaire de la souveraineté nationale. Rappelons-nous plutôt cette célèbre phrase prononcée par Philippe Séguin à l'Assemblée nationale dans son engagement contre le Traité de Maastricht : « On est souverain ou on ne l'est pas ! Mais on ne l'est jamais à demi ! ». Alors revenons à la belle idée européenne défendue par Séguin: oui, des pays du continent européen peuvent coopérer sur plusieurs sujets; non, l'Europe n'est pas l'Union européenne. Il est temps de démonter la structure technocratique infernale pour repartir sur des bases saines et solides de coopérations inter-étatiques.


C.P.
Militant DLF de la 6ème circonscription des Yvelines